LE FEU SACRÉ
Il y a eu un instant de flottement, à l’annonce du couvre-feu à Toulouse. Quelques heures d’incertitude totale. D’angoisse de devoir à nouveau comptabiliser les annulations, comme autant de cadavres abandonnés sur le champ de bataille de la culture. En un sens, ça n’a pas manqué, en premier lieu avec le feuilleton ubuesque au cœur duquel les bars et cafés-concerts se sont retrouvés (ferme-ront ? ouvriront ? fermeront...). Pire : avec la dégradation de la situation dans les hôpitaux, nous ne sommes plus à l’abri d’une nouvelle restriction dans quelques semaines, quelques jours, aujourd’hui même. Pourtant, plutôt que de rendre les armes à force de découragement, les salles de spec-tacles, cinémas, et festivals ont, avec une vélocité admirable, adapté leurs horaires. Or, qui pour voir une pièce, un film ou un concert à 17h ou 19h ? L’air de rien, c’est une question quasi existentielle. Mais c’est peut-être grâce à notre réponse, en tant que public, que « la culture ne s’arrêtera pas » !
| Les Clutchers
Couverture C#86 par PÈIR LAVIT